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Un jour un étrange phénomène s'est produit. Sachant que je faisais un site web, 
un passionné a tenu à me faire partager son attrait pour les engins de T.P. Il m'a demandé ensuite avec ses yeux pleins d'espoir si je pouvais transcrire sur le site les lignes de son récit, je lui ai répondu qu'il n'y avait aucun problème. Il s'efforça alors de me donner le plus de détails possible.
D'où venait ce gars..? Je ne sais pas...! 

Voici donc son récit :  

« Si je me réfère à mes souvenirs d'enfance, avec toutefois une réserve sur la précision de l'année, c'est vers 1969 que mon attirance pour les engins de travaux publics s'est déclarée.
A cette époque là mon grand-père paternel m'emmenait promener souvent et le premier souvenir qui me viens en tête est une visite dans la rue de la Javie, (14ème arr de Marseille). Il faut dire que pépé subissait, avec tendresse, ma volonté d'aller écouter de plus près des bruits inquiétants !
Les sons caractéristiques que produisent les engins de travaux publics, dont un en particulier : les grincements des chenilles. Il s’agissait donc d'un chargeur à chaînes. Je ne me souviens pas du tout de la marque de cet engin, peut-être un Caterpillar, un Fiat-Allis ou autre (?)
Bizarrement en s'approchant, je fus d'abord très peureux du bruit de cette machine, qui vrombissait et résonnait dans cette rue et je serrais la main de mon grand-père, mais très vite j'en suis devenu curieux et attiré et par conséquent je repris souvent la main de pépé, mais cette fois pour l'entraîner a retourner sur les lieux. 
Le second souvenir est une nouvelle curiosité dans un autre endroit, mais toujours dans le même quartier. Avec pépé nous avions remarqué une ancienne pelle jaune à chenilles et à câble de la marque: Nordest. Avec le recul je m'aperçois qu'il s'agissait d'un engin de taille moyenne, mais à l'époque pour l'enfant que j’étais, elle paraissait imposante. D'autant que dans son travail, l’opérateur levait le bras de la machine et donc son godet, à l'aide de sa mécanique à câble, pour le laisser tomber en chute libre afin de briser le sol pour mieux le travailler. Cette action produisait un bruit sourd qui attirait mon regard et toute mon attention. Cela me faisait un peu peur aussi mais bon, je pense qu'il fallait passer par là pour avoir les premières attirances envers des machines. 
Voilà les deux premiers souvenirs qui ont contribuais à mon attirance envers les engins de travaux publics.
Quel débuts et quel ressentis...! 
Ah pépé, qu'est ce que j'ai pu lui faire faire comme pas, d'un engin à un autre ! Mon père me l'a répété plus tard : « Ton grand-père nous disait avec son accent italiens », « Ah so pétit alors, avec ses bouledozers là ! ». Mais papa ajoutait : « Il était heureux ton grand-père ! ».

Je peux retrouver aussi d'autres souvenirs, notamment le terrassement et la construction des infrastructures de la réserve d'eau de la ville de Marseille « le vallon Dol », entre 1967 et 1971.


Mais pourquoi les engins de travaux publics me sont-ils restaient gravés ?

Après l'épisode de la ruelle avec mon grand père, le contact visuel et l'attirance envers les engins de TP aurait pu s'atténuer voir même s'arrêter là. Et bien non ! Bien au contraire. Je peu même dire aujourd'hui que j'étais destiné à être marqué par cette catégorie d'engins et pour cause..!
Une récidive c'est déclaré en 1970/1971, deux années qui restent cruciales. C'est là ou tout a réellement commencé en tant que passion, car du haut de mes 7 ans et des poussières, j'ai eu l'opportunité et l’immense chance d'avoir à quelques centaines de mètres de mes yeux, un spectacle fabuleux. J'étais un spectateur privilégié, je dirais même au balcon et sans jeu de mots ! 
En effet habitant dans le 14ème arrondissement de Marseille, au deuxième étage d'un HLM, de mon fameux balcon, j'avais une vue imprenable sur un vaste chantier : la Z.U.P n°1 (Zone Urbaine Prioritaire). J'assistais donc aux travaux de terrassement, à la livraison des premières tranches des deux cités HLM appelées : « les Iris et les Flamants ». J'en conclu que cette troisième et énorme approche envers l'univers des travaux publics, explique largement ma passion pour les engins de terrassements et les grues à tour. 

Et pourquoi Caterpillar plutôt qu'une autre marque ?

Je ne sais pas, du moins je l'ignorais à l'époque, car avec le recul je m'aperçois vite que Caterpillar est le leader mondial en matière d'engins de travaux publics. Il est donc peut-être logique qu'il soit plus représenté sur les chantiers par rapport aux autres marques.
J'ajoute qu'avec le même recul, je trouverai plus tard les engins Caterpillar plus « gracieux » à mes yeux envers ses concurrents. 

Voyons maintenant en détail ce grand chantier. 
Le regard sur tout cet univers T.P et mécanique, du début jusqu'à la fin, reste et restera pour moi une école sans équivalent.
J'étais trop jeune à l'époque pour comprendre les lois mécaniques et physiques qui s'appliquent sur les machines que je regardais travailler, techniques dont j'apprendrais les secrets plus tard.
Mais néanmoins à 7 ans passé je commençais à me poser des questions : 
Comment ça marche ? Pourquoi ça marche ?
Pourquoi par exemple le « le bang » de la masse de l'ouvrier retentit une fois qu'il a tapé ?...
vitesse du son et distance, eh oui ! 
Pourquoi lorsque le moufle d'une grue, mu par son inertie, balance lentement, alors que le mien en miniature balance très vite ?...masse et dimensions !
(Je possédais en effet à l'époque une grue rudimentaire de quelques éléments « Meccano », montée par mon père bien sûr, étant trop jeune pour le faire moi même). 
Toutes ces questions restaient sans réponse et l'interrogation était déjà constructive. Mais pour le moment, j'étais encore enfant et je restais donc dans l'ignorance et la magie.

Comme sur beaucoup de chantiers, deux étapes se déroulèrent sous mes yeux.

1) le terrassement, exécuté par l'entreprise Rapetto, avec son ballet de camion Berliet tournant autour d'un chargeur sur pneus 922 ou 944 Caterpillar (la marque est exacte, en revanche je suis dans l'incapacité aujourd'hui de définir le modèle) et deux bulldozers Caterpillar également, dont :
- un premier de petite taille équipé d'une timonerie latérale de lame,
- un second de plus grande taille. La également, mes souvenirs restent dans le flou en ce qui concerne le modèle exact de ces tracteurs, mais pour la première machine je pencherai pour un D4 Cat.

2) La construction des bâtiments, avec :
- deux premières grues à tour Richier 1362 (pour l'instant, car les autres immeubles auront chacun leurs grues, des Richier Weitz), 
- deux camions grues, munis de flèches en treillis de taille différentes : jaune pour la plus petite et noire pour la plus grande. 

Tout ceci regroupe à quelques choses près et toujours de mémoire d'enfant, une grande partie du chantier, mais bien sûr l'inventaire est loin d'être complet, je ne peux noter uniquement le matériel qui a marqué ma mémoire. 
Je savourais donc l'intégralité du chantier dans son avancement. 
Je me souviens qu'il s'agissait de construction de panneaux préfabriqués. Je me plaisais à regarder les grues à tour travailler et les immeubles qui se montaient suivant des techniques de maçonnerie que je ne comprenais pas encore. Ça ne faisait rien, tout cela me comblait. 
Ce spectacle était vraiment complet, car on distinguait l'univers bruyant des engins pour le terrassement et le silence des grues à tour pour la construction des bâtiments.
Cet opéra de T.P reste si je puis dire, « l'acte » qui me faisait serrer mes poings d'enfant autour des barreaux de la rambarde de mon balcon. Trop petit pour aller voir ce spectacle de plus près, j'attendais, je guettais la moindre personne adulte ayant assez de patience pour m'accompagner au pied de ce grand chantier qui me faisait dont vibrer. Mon grand-père ne pouvait plus avoir sa tendre complicité avec moi, car il décéda en janvier 1970. De temps en temps mon frère, mon aîné de 8 ans et demi, accomplissait cette tâche. Il faut dire qu'il était lui aussi un peu attiré par toutes ces machines. 
Le dimanche et jours fériés convenaient bien pour cette visite, mais bien sûr tout était au repos, plus de bruit, plus de mouvement, mais cela n'était pas grave, je pouvais enfin voir de près ce que j'avais entendu toute la semaine.
Voir ce que j'avais entendu ? Eh oui ! Faute d'avoir les mouvements et les différents bruits de mécanique, par conséquent ne pouvant pas concilier les deux, je me contentais d'une vision inerte et cela donnait lieu à des mystères supplémentaires. Mais cela ne faisait rien, on avait été voir les bulldozers et c'était la chose principale. Cependant j'ai encore à l'esprit et de façon précise, nos visites pendant lesquels le chantier tournait, donc en pleine semaine.
Aujourd'hui pas mal de souvenir sont encore agréables à consulter dans mon cerveau, tel une bibliothèque. Pour tout dire il suffit que je pense à certaines images pour les voir s'animer. 
Comme par exemple le crochet d'une grue à tour, la charmante Richier 1362, avec son moufle à la silhouette caractéristique en forme de cœur, descendant à vide, oscillant lentement dans l'air sous l'effet combiné de l'orientation et de la descente, tout cela pour aller chercher sa charge.

Plus impressionnant encore, toujours sur la même grue, voir le bout de la flèche plonger dans le vide lorsque celle-ci décolle du sol, la benne à béton pleine, et autres charges comme les panneaux de béton préfabriqués, qu'elle décolle lentement de la remorque du camion !
Sentir une odeur particulière de brûlé à base d'huile et de palette en bois que l'on retrouve sur les chantiers, surtout l'hiver lorsque les ouvriers veulent se réchauffer.
Revoir ce chargeur sur pneus Caterpillar, cette série de machine ne comportant pas de châssis articulé, braquer les roues arrière afin de pouvoir tourner. Je revois parfaitement sa silhouette. 
Il était équipé d'une cabine avec un pare-brise à deux faces formant un léger angle autour d'un couvre joint central, le tout recouvert d'un toit blanc. Comme je l'ai écrit plus haut, mes souvenirs restent vagues en ce qui concerne le modèle : 922 ou 944 ? Mais lorsqu'on est enfant on ne fait pas attention aux chiffres qui désignent le modèle d'un engin, en revanche les formes, les silhouettes sont des images qui restent très précises dans la mémoire.
Tout ceci semble peut-être des détails futiles ?...Mais à mes yeux ils ont une importance capitale.
Oui !...Tout ceci je le vois, je le sens avec un peu d'émotion et beaucoup de tendresse. Je retourne sur les chantiers actuellement avec la même passion, mais ce n'est pas pareil. 
Je ne retrouverais jamais les mêmes sensations, avec des machines quelque peu similaires et c'est tant mieux ! Je préfère garder ce magnifique souvenir d'enfance, car ma vision à cette époque, n'est pas la même qu'aujourd'hui, en vieillissant on voit les choses différemment.
J'ai grandi, j'ai mûri, la magie et l'émerveillement de l'enfance ne se sont pas estompés ; ils sont toujours là, surtout à la découverte d'une nouvelle machine. Mais ils se confondent avec mes connaissances d'adulte et ont du coup, quelque peu changé ma vision.

Mais aujourd'hui je pense pouvoir l'affirmer : depuis cette époque je suis et je reste un passionné...
Peut-être même pas si adulte que ça, encore un peu enfant ? 
Mais quel bonheur !  


Pourquoi avoir choisi le modélisme ?

Il est toujours difficile d'expliquer pourquoi nous faisons tel ou tel choix. J'aurais très bien pu avoir une tout autre démarche, celle d'un collectionneur de miniatures du commerce, ou bien faire des photographies d'engins de chantiers ou encore exécuter des dessins d'art de machines en pleine action, etc... 
Mais rendons à César ce qui appartiens à César, c'est-à-dire...à mon père ! Ce père qui hélas n'est plus de ce monde, était très attiré par les navires réels et le monde miniature, il nous a entraîné malgré lui, mon frère et moi sur son goût pour le modélisme. Pour ma part il m'a fait découvrir beaucoup de choses, telles que le musée de la marine de Marseille, la construction de maquettes plastiques en kits du commerce...bref, tout ce qui se rapporte à la miniaturisation. Bien sur il m'a fait découvrir plein d'autres belles choses, mais restons dans le modélisme.
Il est donc normal que je suive ça trace, sans doute par mimétisme ?
Car je dois préciser par ailleurs que malgré les découvertes citées, mon père ne m'a jamais rien inculqué de gré où de force en matière d'enseignement. Il m'a laissé une liberté totale. Il est bien évident que lorsqu'à l'époque il travaillait sur ses modèles, de mon coté inconsciemment il m'arrivait 
de le regarder faire. Il nous arrivait souvent à tous les deux, d'échanger nos opinions et nos impressions, mais nous travaillions chacun de notre côté et sur notre propre travail.
Ceci répond aux interrogations des regards extérieurs « Travaillent-ils ensemble tous les deux ? ».
Étant donné qu'un père ayant toujours plus d'expérience que son fils, il est de bon ton de penser et c'est normal, que le plus ancien aide le plus jeune, d'autant que mon père a laissé derrière lui de très belles maquettes et ce toutes faites à la main...Merci papa !

Cela dit, voici comment je résume tout ceci.
Je suis passionné avant tout par les engins de travaux publics grandeur nature et le modélisme en est la traduction, l'expression par rapport aux vraies machines. Sur le plan de l'amour des détails et de la recherche de perfection d'une maquette, un seul lieu m'a apporté beaucoup. Il s'agit du musée de la marine de Marseille cité plus haut. Les modèles exposés m'ont enseigné une certaine philosophie de travail à adopter. Aujourd'hui j'applique volontiers cette façon de travailler. 
Pour récompense, maintenant il m'arrive de recevoir des compliments sur mon travail avec une phrase qui revient très souvent : « Mais comment faites-vous tout cela ? ». Cette question est à la fois touchante et très valorisante.
Et bien il n'y a aucun secret, pour moi l'amour et le travail sont à la base de tout. Bien sûr étant plus jeune je me testais aux fameux kits du commerce, mais cela ne dura pas longtemps.
Très vite me vint l'envie de construire, de concevoir et de manipuler moi-même à ma guise les pièces de ma création ; cela fourmillait déjà en moi. Évidement, au début les résultats n'étaient pas toujours très jolis ni très efficaces, mais ça ne faisait rien. Le principal c'est que j'apprenais en me trompant, je corrigeais ou recommençais et par conséquent je pouvais me débrouiller tout seul.
Et ça, c'est la plus belle chose que la vie m'a enseignée.

Tout ceci résulte de l'enthousiasme qui grandissait déjà en moi sur mon petit balcon.


Les instants magiques.

Que sont les instants magiques ?
Eh bien ce sont les moments où l'on peut voir enfin pour la première fois et en vraie grandeur les engins qui nous ont tant fait rêver, dans des livres ou même sur simple photographie et par conséquent on n'a qu'une hâte, c'est les approcher. Peu importe le chantier, que ce soit sur une construction de route, de voie ferrée, une carrière ou une mine à ciel ouvert, le passionné est toujours emballé.
Ah oui ! Vraiment, la première approche est très importante, car comme dans beaucoup de domaines, on change d'univers en passant d'une simple photographie, à une vision réelle à trois dimensions. Ajouté à cela le bruit et les odeurs, montent alors en nous des sensations d'excitation, d'admiration... Ces dernières sont toutes motivantes et constructives.

La découverte du 992C.

Pour illustrer tout cela, voici un exemple de la découverte d'un engin. Ici c'est le chargeur sur pneus 992C Caterpillar dont il s'agit. 
C'est en 1984 sur un quais du port autonome de Marseille, que j'ai vu pour la première fois ce chargeur sur pneus. Mon père qui de part son travail avait accès sur les quais du port, m'avait informé de la présence de cette machine. Enthousiasmé à l'idée de faire une nouvelle découverte, j'ai aussitôt saisi l'occasion de la voir de près. Mais cette approche n'a pas été seulement technique, elle fut aussi sentimentale si je puis dire avec une dose de curiosité très intense. 
Il fallait absolument voir cette grosse « bête » possédant un gabarit dont je n'avais encore jamais rencontré. Il faut signaler au passage que le 992C était à l'époque le plus gros chargeur sur pneus de la gamme chez Caterpillar, il était donc assez rare de le rencontrer sur quelconque chantier.
D'ailleurs cette machine qui était en transit sur le port, était démunie de certains de ces équipements tels que la cabine de conduite et le godet, précisément pour des raisons de gabarit et de transport.

Quelques clichés ont été pris, car j'avais pris soins auparavant, de me faire prêter un appareil photo par un ami, afin d'immortaliser la « bête ».
Je me suis aussitôt documenté une première fois dans ma région, auprès de Bergerat Monnoyeur à Cabries près de Marseille, qui est le concessionnaire de Caterpillar en France. Ainsi sur le papier glacé des brochures commerciales, j'ai pu comparer, analyser les formes et les différentes pièces de cette machine que j'avais admirée succinctement. On peu remarquer pour cette première rencontre un comportement plus enfant qu'adulte. Eh oui ! L'émerveillement (encore lui) revient toujours, d'ailleurs sans lui et à mes yeux, aucune passion ne serait possible.
Bon cela dit, j'avais remarqués cet immense chargeur sur pneus. Bien et ensuite ?
Ensuite, il ne me restait plus qu'à le découvrir dans son univers habituel, car il m'avait séduit.
Je voulais aussi avoir une approche technique plus approfondis, peut-être pour en réaliser une maquette ? Je me mis en rapport avec d'autres centres Bergerat Monnoyeur, Paris, Nancy, etc...
pour élargir ma quête et en apprendre plus sur cette nouvelle découverte. Ainsi j'avais récolté beaucoup de documentations, mais celles-ci étaient destinées à des fins commerciales. Il y avait certes de jolies photos, mais rien qui pouvait être exploité techniquement. Il me fallait absolument un jour ou l'autre aller sur place pour observer et étudier le véritable engin.
Ce n'est que quatre ans plus tard, en avril 1988, que je pris les renseignements nécessaires en retournant chez Bergerat Monnoyeur à Cabries, pour connaître les endroit où travaillaient de tels engins. Quatre ans peuvent paraître longs, on peu se demander si j'étais toujours autant passionné ou attiré par ce chargeur ? Oh que oui ! C'est d'ailleurs pendant ce laps de temps qu'une réponse a été donnée à l'interrogation cité plus haut « en construire la maquette ».
Donc d’après les informations, c'est à Fos-sur-mer et plus précisément à l'usine Pechiney sur le quai minéralier, que se trouvaient cinq chargeurs sur pneus, un 992 et quatre 992C. Je me suis empressé d'aller y faire un tour. 
Après mes huit heures de travail avec les précieuses informations en poche, ma Renault 8 et moi avons parcouru les soixante kilomètres qui nous séparaient de Fos-sur-mer.
Je n'ai pas eu grand mal à trouver ce fameux quai minéralier où se mêlent à la fois la couleur orange/marron de la bauxite et le noir du charbon.
Eh alors là... ! On peut réellement parler d'instant magique.
Ils étaient là ces fameux chargeurs sur pneus, stationnés après leur journée de labeur ; ils étaient inertes mais imposants. Peut-être parce que mon esprit les avait sacralisés, idolâtrés ? 
Je l'ignore. Toujours est-il que je redevenais le petit enfant et j'étais aux anges ! 
D'autant plus qu'il n y avait personne à l'horizon, seulement eux et moi, pas un bruit. 
J'avais l’impression qu'ils m'attentaient. Orgueil ? Peut-être ! Je pouvais m'approcher, sentir l'odeur du fuel, du caoutchouc des pneus qui avaient sans doute forcé, ripé sur le sol qui portait encore les empreintes laissées par les imposantes sculptures des pneus. Je caressais ces pièces de fonderie qui semblaient prêtes à s'envoler. Elles paraissaient surtout destinées à mettre en valeur l'imposante silhouette de la stature de cet engin, elles étaient salies par les matériaux qu'elles transportaient toute la journée. Je n'avais plus aucune notion sur la réalité de la dimension de ces pièces, du moins pendant quelques instants. Puis le regard rationnel du passionné (adulte) a repris le dessus, notamment en observant les balanciers de la timonerie du godet, le sommet de ces pièces qui s'élevaient à plus de trois mètre. En fait, leurs grande taille correspondait à la puissance nécessaire pour un tel engin et leurs masse était apparemment considérable.
Cette silhouette correspondait bien aux photos des brochures dont je commençais une collection.
C'est que depuis quatre ans je l'avais analysé cette machine, du moins avec la documentation accumulée. Cela peu paraître inutile de comparer les silhouettes aux photos.
Évidemment tout était juste et précis, mais on retrouve là l’œil du passionné, je dirais même du critique qui cherche le moindre détail et s'il y lieu, trouver des défauts. 
En fait je pense que ce comportement est purement maniaque : « il faut que tout corresponde ! »,
mais mon regard et ma curiosité allaient de découverte en découverte ; j'étais agréablement dépassé par ce que je voyais. Curieux de voir la hauteur de la cabine, il fallait que je monte sur sa plate forme, à environ trois mètres du sol. Je découvrais maintenant toutes les parties hautes des pièces mécaniques qui révélaient une telle puissance. D'en haut cela donnait une impression dominatrice.
J'imaginais alors la machine en plein travail en regardant le poste de conduite et les différentes sensations que cela pouvait procurer (situation que je connaîtrais plus tard dans un endroit différent, en étant convié par un conducteur). Je redescendis et je fis plusieurs fois le tour de cette attraction.
Je n'ai pas pris beaucoup de mesures dimensionnelles ce jour-là, mais j'ai tout de même relevé la dimension qui me préoccupait en premier lieu sur un tel engin : celle des roues. Leur diamètre atteignait 2,70 mètres. L'usure du pneu me laissait penser qu'elles pouvaient être légèrement supérieures à cette dimension. Mon regard et mon impression n'étaient pas les même qu'en 1984 sur le quai du port autonome de Marseille. D'une part j'avais ici plus de temps pour observer et d'autre part je m'étais beaucoup plus préparé à cette rencontre. Mais le soir tombait et il fallait repartir. 
Ce que j'ai fait, mais je savais maintenant où se trouvait le nid des oiseaux rares. 
Revenir ? Ce n'était pas difficile mais de plus c'était indispensable pour faire un relevé de cotes dimensionnelles et pour constituer un dossier afin de pouvoir construire une maquette.
Je suis donc retourné de nombreuse fois sur les lieux, c'est-à-dire de 1988 à 1991, ne serait-ce que pour prendre des photos ou filmer des vidéos ».

Voilà son récit et comment il m'a expliqué les instants magiques de sa passion, moments qu'il a vécus lors de ses multiples découvertes et cela je l'imagine, dans n'importe quelle discipline. 
Car bien entendu il m'a fait penser à tous les férus, mordus etc... 
Peu importe le nom qu'on leur donne, tous les passionnés se ressemblent..! 
 

HISTOIRE D'UNE PASSION...

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